Escale en enfer by Danièle Ouzan

Escale en enfer by Danièle Ouzan

Auteur:Danièle Ouzan
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
ISBN: EPUB9782894318300-53444
Éditeur: Les Éditions JCL
Publié: 2013-11-06T05:00:00+00:00


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Progressivement, je m’étais résignée à ce mode d’existence et je survivais. Je savais que j’allais subir son agressivité chaque jour de ma vie à ses côtés et qu’il n’y avait aucun moyen de me soustraire à ses sévices, précisément parce que rien ne les justifiait.

Les bleus sur ma peau n’avaient pas le temps de s’estomper que de nouvelles marques apparaissaient. On eût dit que sa violence à mon endroit le nourrissait. C’était un peu comme une drogue. Il avait besoin de se défouler et j’étais devenue son bouc émissaire, sinon son punching-ball. Les jours sans coups devenaient rares.

Il avait réussi à faire régner la terreur au sein de notre foyer. Il en était devenu le dictateur sans que je puisse rien faire pour l’en empêcher.

Au début, je lui imaginais des circonstances atténuantes, comme une tension due au mariage ou au bébé qui allait arriver, par exemple. Je ne lui en voulais pas. Son comportement agressif n’enlevait rien à l’amour que j’éprouvais pour lui, étant donné qu’il n’était pas responsable de ces situations. J’avais patienté. Ensuite, j’avais préféré éviter de le contrarier et j’avais accepté ses sautes d’humeur en me disant que le mieux était d’attendre qu’il se calme, ce qui se produisait la plupart du temps. Je retrouvais alors celui que j’aimais. Il lui arrivait encore de me démontrer son affection et ça me suffisait. Enfin, je m’étais habituée peu à peu à ses paroles blessantes, à ses colères effrénées qui ne cessaient que lorsqu’il quittait la maison. Progressivement, je n’avais plus osé lui faire face.

Mon visage gardait fréquemment des traces de ses coups et je me retrouvais parfois embarrassée le matin pour aller chercher le pain et le lait à l’épicerie du coin. Je préférais ne pas sortir, mais il fallait que je prépare son petit-déjeuner, et ce, dès son réveil. Honteuse, je m’appliquais à camoufler les ecchymoses. À l’aide de lunettes de soleil et de mes cheveux complices qui balayaient mes joues, je dissimulais du mieux que je pouvais tout à la fois mes ecchymoses et ma déplorable relation matrimoniale.

Personne ne devait savoir ce qui se passait chez moi. Personne n’avait à savoir que j’avais échoué; que je n’avais pas réussi à changer mon mari malgré mes efforts et ma patience; qu’il faisait de moi à peu près ce qu’il voulait; qu’il commandait et que j’exécutais. Personne n’aurait pu concevoir que je reste avec lui malgré tout. Comment les autres seraient-ils arrivés à comprendre que je n’étais rien sans lui? Ma famille ignorait tout de mon triste quotidien, et je ne pouvais pas l’inquiéter ni la décevoir. Sa famille, elle, savait sûrement dans quoi je me débattais. Du moins, on s’en doutait, si j’en croyais l’atmosphère qui régnait lorsque Bécry arrivait, du temps où nous vivions chez ses parents. Les marques sur mon visage, que j’avais parfois du mal à cacher, n’avaient pas pu leur échapper. Ils faisaient comme s’ils n’avaient rien vu, mais ils n’étaient certainement pas dupes. Et j’en étais encore plus gênée.

Lorsque je m’efforçais de réfléchir sur mon sort, je n’entrevoyais aucune porte de sortie.



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